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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 09:23

Le métier de chef d’orchestre

L’art et la manière de diriger

Ce qu'il faut savoir

-       La fonction de chef d’orchestre implique de nombreuses compétences. Des qualités artistiques en priorité : le chef travaille la sonorité collective de l’orchestre et élabore l’interprétation à la fois personnelle, juste et fidèle d’une œuvre qu’il doit partager avec les musiciens. À la personnalité et au charisme s’ajoutent des compétences d’organisation et de gestion pour fédérer, communiquer et travailler avec ces musiciens. Le directeur musical gère les choix artistiques de l’orchestre, infléchit et s’implique de plus en plus dans son devenir, sa politique de diffusion, son engagement auprès du public, l’invention de programmes de formes nouvelles ou innovantes. Le chef d’orchestre est un véritable médiateur de la musique, un intermédiaire entre les répertoires, l’orchestre et le public.

-       La formation supérieure débute assez tardivement, après de solides études instrumentales et théoriques, et concerne un effectif limité d’étudiants. En 2005-2006, six élèves seulement ont été accueillis en classe de direction dans le département écriture, composition et direction d’orchestre du conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Paris. Le perfectionnement et les premières armes s’effectuent, assez classiquement, en tant qu’assistant auprès d’un chef ou d’un ensemble afin d’acquérir la maîtrise concrète de cet art difficile.

-       Comme pour certaines disciplines solistes, les concours jouent un rôle important et constituent une étape vers la professionnalisation. Il va de soi que l’expérience de l’étranger et la mobilité internationale s’inscrivent dans le processus même de la formation et de la reconnaissance professionnelle.

Une grande cantatrice a dit un jour, non sans quelque malice, qu’en réalité les chefs d’orchestre ne font rien, et en un certain sens, elle n’avait pas tort. Le personnage debout derrière le pupitre de direction n’a rien d’autre à faire que de gesticuler et, au cours de la répétition, de convaincre, par le discours, les musiciens de produire les sons tels qu’il les entend dans son esprit. Ce sont eux qui « font les choses » et non lui. C’est là une fonction unique dans la musique et le paradoxe qui la distingue explique la fascination ressentie par beaucoup à voir un chef d’orchestre imposer sa volonté à un ensemble d’individus doués de compétences et de talents exceptionnels.

Nombreuses sont les anecdotes évoquant cette façon qu’ont les chefs de communiquer ce qu’ils attendent de l’orchestre, qui s’apparente beaucoup à la transmission de pensée.

Un jour, Victor de Sabata dirigea, pendant peu de temps, une répétition de Karajan qui devait tester l’acoustique d’un auditorium vide. Dès l’instant où Sabata leva sa baguette, sa personnalité s’exprima de telle manière que le timbre et le style de l’orchestre changea du tout au tout.

Lorsqu’il fit répéter l’Orchestre symphonique de la BBC, pour la première fois en 1935, Toscanini exécuta la quatrième symphonie de Brahms de la première à la dernière note, sans une interruption ni une seule remarque. C’était une œuvre que l’orchestre avait interprété plusieurs fois déjà, sous la direction de son chef permanent, Adrian Boult. Mais ce dernier observa que sa formation avait joué d’une manière tout à fait différente que lorsque qu’il était lui-même au pupitre. Pas un des instrumentistes ne fut capable de lui expliquer pourquoi ils avaient changé leur manière de jouer sans indication ni incitation explicites. Peut-être est-ce là la preuve de l’existence de la télépathie que constitue la direction d’orchestre.

La naissance du chef d’orchestre :

Les ensembles instrumentaux de l’époque baroque furent réduits à de petits effectifs, inférieurs à 15-20 musiciens. Le compositeur-directeur de la musique organisait les répétitions de ses musiciens, puis les surveillait du clavecin. Ainsi travaillèrent Vivaldi, Bach, Haendel, Haydn. La musique d’église faisait parfois exception, puisque le maître de chapelle pouvait frapper les temps de sa canne sur le sol.

Dans cette préhistoire du chef d’orchestre, une seconde phase apparut au cours du XVIIIème siècle : la fortune du violon. Son écriture virtuose adaptée à des musiciens d’orchestre plus capables, déplacèrent le chef du clavecin au violon. De là, il faisait répéter ses instrumentistes et leur indiquait les départs en concert.

Ludwig van Beethoven : Une troisième phase s’ouvrit avec Beethoven : l’écriture symphonique se compliqua, certaines nuances étaient inattendues (par exemple le crescendo menant à la nuance piano) et le premier violon pointant son archet vers les groupes instrumentaux concernés n’était plus suffisant.

Pour être plus maniable, l’archet raccourci, allégé, devint une baguette : le chef d’orchestre au sens moderne était né. Il se plaçait devant les musiciens, et certains compositeurs furent des chefs de grande valeur (Carl-Maria von Weber, Hector Berlioz, Félix Mendelssohn, Franz Liszt, Richard Wagner).

Après 1850, l’apparition du chef interprète – non compositeur – annonça une quatrième période. Le fossé s’élargit entre l’écrit et une tradition d’interprétation parfois douteuse, le compositeur n’étant plus là pour se défendre.

On a ainsi l’exemple de Léopold Stokowski qui n’avait aucun scrupule à modifier radicalement l’instrumentation d’une partition afin de rehausser la couleur sonore ou d’amplifier l’effet dramatique. Le chef d’orchestre prit alors une nouvelle responsabilité d’ordre moral. Ainsi Toscanini s’efforçait sans cesse de donner une traduction sonore le plus fidèlement possible de la partition imprimée.

Les différentes fonctions de chef à l’opéra et au concert restèrent bien séparées jusqu’au milieu du XXème siècle : Toscanini dirigea d’abord des opéras et se consacra ensuite aux concerts symphoniques.

En préambule du portrait du chef d’orchestre Georg Solti le samedi 10 janvier 2004 à 15h00 dans ce même auditorium, je vous entretiendrai brièvement de la technique et des méthodes de travail de la direction d’orchestre.

Avant de retracer la carrière de Georg Solti, il faut parler brièvement de la technique et des méthodes de travail de direction d’orchestre. 

La technique, parfois appelée gestique, répond à des conventions générales, mais doit être appliquée particulièrement à chaque partition.

La fonction primordiale du bras droit, tenant la baguette, est d’assurer le tempo (terme qui désigne la plus ou moins grande rapidité d’exécution), de souligner la mise en place rythmique des instruments, enfin, d’indiquer la nuance dynamique par l’amplitude du geste (c’est-à-dire les crescendos, les decrescendos et les accents).

Le bras gauche rappelle les entrées des instruments et exprime le sentiment musical. La symétrie entre les deux bras reste donc exceptionnelle chez les chefs bien formés.

Cependant, ces critères sont généraux, et les fonctions sont fréquemment interverties ou modifiées suivant les exigences de la partition. Le fait que cette action ne puisse être décrite d’une manière à la fois globale et précise indique en même temps l’impossibilité d’une pédagogie rationnelle et unifiée : les plus grands chefs d’orchestre ne sont pas issus d’écoles de direction. L’observation des répétitions d’autrui, l’étude des partitions et une longue expérience professionnelle sont des facteurs déterminants.

Le chef d’orchestre doit ajouter à une gestique efficace de sérieuses connaissances psychologiques. Il doit en effet, s’assurer une collaboration, compliquée, du fait que l’on ne s’adresse pas avec le même vocabulaire à un hautboïste, un corniste ou un timbalier.

Le regard aussi, le rayonnement de la présence physique du chef d’orchestre font partie de l’autorité naturelle, celle qui attire non l’obéissance à contrecœur, mais la soumission volontaire, mieux l’adhésion librement consentie, voire la conviction dans le meilleur des cas.

La carrière de Georg Solti :

Georg Solti commence à étudier le piano à l’âge de six ans et se produit pour la première fois en public à 12 ans. Un an après, fasciné par un concert dirigé par Erich Kleiber, il se promet de devenir chef d’orchestre.

Il entre en 1925 à la célèbre Académie Franz Liszt de Budapest pour étudier la composition avec Zoltan Kodaly et le piano avec Ernst von Dohnanyi et Béla Bartok.

En 1930, il est l’assistant à l’Opéra de Budapest, puis chef permanent entre 1934 et 1939. Parallèlement il est nommé, au Festival de Salzbourg, assistant de Bruno Walter en 1935, puis de Toscanini en 1936 et 1937. Cette rencontre sera déterminante pour Solti.

Mais la vague d’antisémitisme en Hongrie l’oblige à fuir Budapest. En 1939, il se réfugie en Suisse où il donne principalement des concerts de piano.

Ce n’est qu’après les hostilités que Solti commence sa carrière de chef lyrique. Entre 1947 et 1951, il est nommé directeur général de la musique à Munich, puis de Francfort de 1952 à 1961. Il donne un nouvel essor au Covent Garden de Londres en devenant son directeur musical entre 1961 et 1971.

Il se forge une réputation internationale en montant le premier enregistrement en studio pour la firme Decca, de la Tétralogie de Richard Wagner, avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne.

1969 marque un tournant primordial dans sa carrière : il devient directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Chicago, poste qu’il conservera jusqu’en 1991.

Parallèlement, entre 1972 et 1975, Solti est directeur de l’Orchestre de Paris et conseiller musical à l’Opéra de Paris. De 1979 à 1983, il devient directeur artistique de l’Orchestre Philharmonique de Londres et succède à Karajan, son grand rival, à la direction artistique du Festival de Pâques de Salzbourg entre 1990 et 1993.

Georg Solti poursuivra ses nombreuses activités, toujours infatigable jusqu’à sa disparition le 6 septembre 1997 à Antibes.

Issu de la célèbre lignée des grands chefs hongrois tels Fritz Reiner, George Szell, Eugene Ormandy ou Ferenc Fricsay, Solti est la figure de proue du répertoire postromantique allemand et autrichien. Ses interprétations de Beethoven, Brahms et Mahler dont il a enregistré l’intégrale des symphonies, sont considérées comme d’illustres références. Il a, en outre, dirigé avec brio les œuvres de ses compatriotes, Zoltan Kodaly et Béla Bartok.

 

Le métier de chef d’orchestre, les exigences, les réalités

-       Des compétences musicales et artistiques : Le futur chef d’orchestre doit cumuler des connaissances instrumentales (même fragmentaires), musicales, culturelles et artistiques. A partir d’une étude minutieuse de l’œuvre et de sa représentation sonore mentale, il lui faut, avant les premières répétitions, construire une interprétation personnelle, en accord avec la pensée et le style du compositeur. Interprétation à transmettre par une technique gestuelle originale, fruit d’une nécessité d’efficacité et non de spectacle.

-       Des compétences humaines : Encore faut-il savoir créer le climat de confiance propice au travail de la collectivité symphonique et savoir prendre ses responsabilités dans la gestion de l’ensemble, voire dans la création de sa propre formation et d’un projet artistique novateur, à l’exemple des nombreux orchestres nés de la révolution baroque.

-       L’expérience de la direction lyrique : Elle reste irremplaçable dans cet apprentissage d’une responsabilité artistique tous azimuts. Pour cette raison, plutôt que de convoiter de rares postes d’assistant souvent sans lendemain, nombre de jeunes chefs français choisissent les théâtres étrangers, allemands notamment, pour faire leurs premières armes.

Il interprète une œuvre et guide l’ensemble musical.  Il est le garant de l’harmonie des différents instruments.

-       Compétences nécessaires : Connaissances musicales, instrumentales, culturelles et artistiques. Capacité à diriger et à organiser un travail collectif.

-       Activités : Grâce à ses connaissances des compositeurs et des œuvres, le chef d’orchestre étudie une œuvre et dirige l’orchestre dans son interprétation. Il est à la fois celui qui commande à l’ensemble et celui qui instaure un climat de confiance. Il peut aussi créer une œuvre originale qui sera interprétée par l’orchestre sous sa direction.

-       Qualités : Patient, minutieux et calme. Charismatique et âme de leader.

-       Formation recommandée : Conservatoires à Rayonnement Régional (CRR) et Conservatoires à Rayonnement Départemental ex Ecoles nationales de musique (ENM) - CNSMD de paris - Ecole normale de musique de paris Alfred Cortot.

-       Salaire : Du SMIC à la fortune pour des carrières internationales.

-       Environnement : Salles de concerts et de spectacles, opéras. Conservatoires, écoles de musique.

 

 

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